Christine LEGROS-ROMERO
Christine LEGROS-ROMERO 

 

25 novembre 2022-Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles

 

Cette journée trouve sa nécessité parallèlement à celle de la Journée internationale des droits des femmes.

Ces deux jours manifestes renvoient à la même réalité enracinée dans le même diktat, celui que les femmes sont inférieures aux hommes. Leur limite est de savoir se taire quand il faut, de rester à leur place sous peine d’être traitées de poissonnières si leur ton monte, de « chieuses » si elles émettent une opinion différente, de paresseuses si leur priorité est la vie de famille, d’arrivistes prêtes à tout, si elles sont ambitieuses.

Les dérives sont multiples et graduées selon la rentabilité de ces femmes sur les plans financiers et/ou charnels. Il faut pouvoir garder le contrôle de leurs corps, de leurs émotions et de leurs pensées.

 

Si la ligne est franchie quand les femmes veulent participer davantage aux débats plutôt que de jouer les trublions charmants, les femmes sont toujours ramenées à cette volonté qui parfois est soutenue par leurs propres consœurs : -QU’ELLES SE TAISENT et restent objectivées. Et qu’importe s’ils doivent y mettre les poings et rentrer dans les statistiques des féminicides.

 

Historiquement, cette journée rend hommage aux opposantes dominicaines contre la dictature, Minerva, Patria et María Teresa Mirabal qui ont payé de leurs vies leurs engagements politiques.

Depuis, le 17 décembre 1999, l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies a fait du 25 novembre, la Journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes. L'ONU a invité les gouvernements, les organisations internationales et les ONG à organiser des activités pour sensibiliser le public au problème de cette journée.

 

Personnellement, mes façons d'agir pour le respect des femmes et des filles remontent à la maternelle, quitte à subir les mêmes « bizutages » scabreux que celles que j'ai défendues. Ensuite, j'ai dû faire preuve de persuasion « virile » auprès du capitaine du CP pour pouvoir jouer dans son équipe de football. Ce, avant de monter un mouvement de super-héros au féminin… Cette question de réappropriation, réinterprétation, recréation du féminin et du masculin perdure artistiquement, à la réalisation vidéo ou écrite...

 

Retrouvez ma « Lettre pour deux mains » dans le recueil Maman Recto/Verso de F. Ayroles dont les ventes sont reversées à la Fondation des Femmes.

 

#ne rien laisser passer...arretonslesviolences.gouv.fr.

 

 

Extrait de « Lettre pour deux mains » publiée dans Maman Recto/Verso

 

[…] Je t'ai adoré dès que je t'ai vu dans un écho graphique.

Le fier anneau dont elles parlaient toutes était pâle tandis que tu rayonnais arrivé a peine, au son des battements de ton cœur.

Je cherchais la musique dans tout. C'est toi qui m'as fait entendre l'essentiel. Je t'ai parlé depuis que tu étais graine car je voulais te donner la plus belle terre. Grâce a toi, j'ai recouvré la vue : leurs travers, leurs surprises et la vertu insoupçonnée des étrangers.

J’allais atteindre la limite de mes  forces quand tu me donnas un coup de pied joyeux dans mon gros ventre. La rencontre approchait et tu as été le meilleur équipier au  monde. Tu as bien fait l'exercice du toboggan et mes hanches s'en sont souvenues longtemps ! Toi qui aimes les cowboys !
Addam,  mon premier petit homme, je me suis sentie  en  sécurité à  l'arrière  de ton  avion  de manège.

Je savais en regardant ta nuque que je  n'avais plus à chercher de ['amour dans les yeux.[…] Christine LEGROS-ROMERO

Lauréate du concours "Maman recto/verso"​ et publiée dans le recueil de Franck Ayroles. Page 93 avec ma "Lettre pour deux mains"​ !                                https://www.facebook.com/ayrolesfranck/videos/346639860666607           https://www.facebook.com/ayrolesfranck/videos/858526791457800                                                                 Des paroles bouleversantes, drôles qui nous font grandir au gré des pages dans l'univers poétique du peintre, à l'initiative du projet. Les seuls filtres y sont ceux du coeur et des entrailles. Tous les droits seront reversés à la Fondation des Femmes pour leurs droits et ceux de leurs enfants.                                                                                            

Extrait de la nouvelle "Je serai l'homme dont j'ai rêvé" (co-traduite en anglais)

Malheureuse avec Bastien, je contactai finalement « l'américain ». Je le rassurai sur mon autonomie financière et mon niveau d'études.

Au rendez-vous, je connus les affres de la tentation car Bastien devait me présenter sa mère. Dans les vagues hormonales, des garde-côtes m’alertaient. Le héros de 43 ans n'avait pas encore divorcé d'une américaine… Sa résidence principale était à San-Francisco… Il n'avait pas d'enfants parce qu'elle était stérile… Il « rentrait » à Paris, 1 fois par mois…

Je paniquai :

- Tu n'es « que » séparé ?

- J'aurais pu te mentir !

- Tu as juste soulagé ta conscience ! Balisé le terrain ! Je ne crois pas aux relations à distance… Le marin avec une femme dans chaque port… 1 fois par mois à Paris… Alors que j’y suis déjà en exil… Pas fini de m'ennuyer…Allons plutôt danser...

Il m'emmena dans un fief de rugbymen. La fille du vestiaire nous regardait avec un sourire narquois. Il me rassura avec une rose rouge mais je rentrai chez moi, seule.

Le lendemain, je dînai avec Bastien et sa maman. Des bouquets de fleurs aux mains, je séduisis davantage la mère que le fils.

Dans le duel entre mes prétendants, ce dernier avait déjà perdu son arme de gentilhomme !

 

ARTICLE

8 mars 2017 – « Journée de la femme » - Lettre à mon fils

 

D’ici ce soir, je réussirai à finir ta lettre commencée sur le chemin de la crèche.

Merci mon chéri. C’est la première fois que j’apprécie autant la journée internationale dédiée aux femmes.

L’année dernière, alors que je te portais dans mon ventre, j’avais écrit à mes sœurs de condition. Fille rebelle, le 8 mars n’était pas encore une fête.

Lorsque j’étais plus jeune (encore plus jeune), que je n’osais pas affirmer mon désir de maternité (et que je n’avais pas rencontré ton papa) ; je jouais à quelqu’un d’autre, à toutes celles qui font rêver aujourd’hui.

Mais, au final, cela s’est soldé par un cri : « - si je ne te portais pas, je ne sortirais pas du cycle des vacuités ».

Mon petit d’homme, tu m’as choisie pour que je devienne une femme.

Toi seul peux me faire consentir « la joyeuse inégalité », un  jour par an.

Depuis notre naissance commune, il y a maintenant dix mois, je comprends que certains se fatiguent plus vite même s’ils en font moins. Je n’ai pas besoin de me pâmer devant les bellâtres pour entretenir une flamme. Et je remercie, à mon tour, nos mères, celles qui suppléent les fils qui s’arrêtent de grandir.

Alors mon âme, toi qui me fais grandir, d’un regard vrai, je fais le vœu de ne pas t’empêcher de devenir un homme.

Maman

LETTRE REVEE A TENNESSEE WILLIAMS

Ma sagesse d’enfant a trouvé son cri, monsieur Williams Tennessee.

Ah ! Rencontrer vos textes adaptés par les plus grands dotés des meilleurs interprètes. La voix d’Alva Starr résonne depuis sa Propriété condamnée.

Chirurgien de l’âme en failles, les instruments de votre parole doivent être de taille.

 

Votre répertoire dramatique fréquente le Sublime. Au creux de l’écorce du rôle social, la grâce enfantine s’échappe. Billy et Cora fredonnent pendant que Carol se révolte.

A vous lire et à vous vivre, l’on pourrait croire que c’est le souvenir qui nous conforte dans l’image du bonheur. Alma dans Eté et fumées fut mon premier choc théâtral.

Egalement merci pour votre éloge du moment magique où tout s’éclaire.

Il n’y a qu’à observer vos yeux qui portent l’empreinte des lumières de votre talent à voir. Vous regardez comme le pêcheur ému fixerait les albatros que nous sommes.

 

Aujourd’hui, certains metteurs en scène brodent autour de vos textes même si ces derniers sont savamment concentrés en humanité. Ils en font trop.

Vous êtes le sculpteur minutieux des chairs pour un théâtre où l’homme finit par cracher son sang, malade de ne pouvoir être libre.

Reste le cri originel qui retentit dans toute votre œuvre. Encore merci de rendre honneur à notre identité. Pèlerins vulnérables, trop grands à devenir fous sous les codes de l’apparence, nous sommes pressés d’étouffer le scandale de vouloir choisir notre vie.

 

Ecrivain véritable, philosophe, vous faites office de guide pour aveugles de sentiments si durs à porter qu’il ne reste qu’à s’enivrer d’alcool ou d’absurdes déclarations.

Alors, on oublie qu’il ne faut pas pleurer dans la compétition des hommes qui jouent à mieux vivre le poids cruel de leur condamnation.

 

Sans cesse, je parle des hommes.

Pourtant vous êtes un des rares dramaturges ayant fait la part belle aux femmes qui ne servent pas de faire valoir. Affublées de colifichets, se prénommant Blanche ou Rosie, elles livrent leur désir quitte à en payer le prix fort.

Même si elles finissent par subir, elles auront tout au moins résisté.

 

       Voilà comment vous avez changé ma vie, mon regard au monde, envers les semblables au-delà des frontières de présentation.

Après avoir sollicité de votre mémoire si vive, je vais retourner à mon travail de chaque jour qui est de faire sortir les cris par les mots enfilés au gré des pages.

Vous m’avez appris à faire de nos secrets, le point de départ d’une création parce que les choses que l’on voudrait taire sont bien souvent les plus essentielles.

 

«Sincerely yours»

Christine

I
Il ne s’agit pas d’une fête. Rien à célébrer hormis des droits floués.
 
Dans ma société, des femmes portent aussi les fils mais doivent se battre pour s’asseoir quand d’autres ne subissent que leur propre flemme.
Dans ma société, des femmes enceintes sont taxées par les cerveaux étriqués d’être des boulets car leur corps serait déformé.
Dans ma société tu dois faire attention au placard car même après des années de bons et loyaux services, ta grossesse pourrait retarder le timing surtout quand l’autre est toujours bloqué à la machine à café.
Dans ma société, tu dois te méfier de tes cousines qui pourraient perdre la vue à force de te mettre l’œil, jalouses du teint radieux de la maternité.
Dans ma société, tu n’as pas davantage de respect quand tu portes la vie que lorsque tu sortais en boite de nuit après ta semaine de travail.
Dans ma société, que tu sois fille ou mère, fille et mère, « fille-mère », tu continues à porter hommes et enfants en silence.
Et, si tu t’exprimes librement, gare à ne pas être étiquetée « compétitrice » sur les terres des hommes rois.
C. Romero
C. Romero

EXTRAITS DE PAROLES DE CHANSONS

Ma professeure
 

… 

 Après une deuxième cigarette,

J’ai lancé le prétexte d’un moment

A deux, pour qu’aucun de nous ne regrette :

Fuir la rengaine du « si seulement » !

Dans le refuge d’une cathédrale,

Je t’ai dessiné un voile sacré.

Muse pour labyrinthe de Dédale :

 Ta peau à mes lèvres dans un secret !

...

 

 

La Comédie des Braves 

 

...
Coup de foudre fatal, annonçant ton départ !

Trop de phrases banales empruntées aux parloirs !

Dans tes terres slaves, tu étais perle rare.

La Comédie des Braves assénait ta mémoire.

 

(Refrain) Je rêvais d’une date pour enfin combler

Mes chimères, de pactes. Je dois me plier

À la loi du désir et ta manie de fuir !

 

Aux fausses tendresses, je choisis l’amertume.

 …

 


L’homme dont j’ai rêvé

 

Quand on entre en scène pour faire face

 Aux regards que l’on cherchait et aux mots qui manquent ;

Sur ma corde de rappels, à ma place,

Plus que mon nom, c’est le cœur entier qui danse !

 …

Dans mon ombre, j’ai trouvé ma moitié.

Ses yeux maquillés par une douce lumière

Ont sauvé mon âme au masque glacé.

D’une agape prendre le courage d’aimer ! 

 

 

N’aie plus peur

 

… 

 Alors quand vient la nuit, mes paumes sur ta peau

 Gravent le prénom unique de mon histoire.

Celui qui fait d’un geste, une étreinte isolée.

De la porte que tu ouvres, une retrouvaille ;

De tes yeux dans les miens, le plus beau des triomphes.




C. Romero

"N'OUBLIE PAS D' ETRE GENTILLE", TRAGI-COMEDIE

Sur N'oublie pas d'être gentille




J'ai réinventé le passé pour voir la beauté de l'avenir.
Louis Aragon
 

RESUME  

 
N'oublie pas d'être gentille est une tragi-comédie en deux actes qui regroupent chacun six tableaux. 3 actrices et 2 acteurs joueront au total 14 personnages.

Le sujet de la pièce est le statut des femmes artistes en Occident à travers le conte burlesque et émouvant de Marnie Décha, surnommée La cougar.

En compagnie de son double, lorsqu’elle n’avait que 30 ans, Marnie rejoue les scènes emblématiques de son parcours initiatique dans le Beau Monde.

On rit beaucoup dans cette galerie de caractères dépeinte par les autres comédiens. Surtout, on prend le risque de sentir, d’aller au delà du vernis social et du sexisme ambiant.

Pour comprendre la pièce, il faut suivre le personnage principal de Marnie qui, en dehors des codes, assume ses passions et ses convictions même si elle en paye le prix.

 

NOTE D'INTENTION 

 
Il y a quelques années, j'ai trouvé un personnage. Il s'appelait La Vieille Belle, à l'époque où de ma première compagnie Flat-Emoi et que nous nous produisions dans des cafés-théâtres.

Cette époque est révolue mais ce personnage favori des spectateurs est resté malgré mes autres aventures.

Le déclic est venu lorsque j'assistais à la représentation d'une comédie sur les grands boulevards.
L'actrice avait la soixantaine, du tempérament et le personnage de La Vieille Belle m'est revenu.
Il fallait que je prenne ce personnage comme point de départ d'une pièce.

Je n'entendais que la voix de Marnie. Nous étions bien parties pour jouer " le roman d'une actrice ".
J'ai eu des retours négatifs sur la forme du monologue. On m'a demandé si je manquais de budget...Rien de tout ça, je me disais qu'il valait mieux une seule actrice " de feu " sur scène plutôt qu'elle soit entourée d'acteurs " maussades ".
Sans doute fallait-il que je construise la voie du personnage de La Vielle Belle devenue Marnie Décha. J'ai voulu théâtraliser, donner véritablement vie sur scène à l'histoire de Marnie, plus seulement comme un conte. Nous allions personnifier la jeunesse de Marnie grâce à l'incarnation du deuxième actrice (donner une perspective au tableau général).
Quant à l'incarnation des Caractères comme de nouveaux personnages de Commedia Dell' Arte, ils seront joués par 3 autres acteurs (compte tenu de mon affection pour les formes brèves mais efficaces).

Après tout, dans N'oublie pas d'être gentille,de quoi est-il question ? De la passerelle fondamentale qui nous relie entre notre passé et notre avenir. Il me faut bien deux actrices pour donner pleinement vie à Marnie, elle-même figure de Janus au visage double : passé / futur. (entre réalités et illusions).
Voilà pour la forme du texte.

Le contenu, lui (en partie autobiographique ou pas), révèle la parole d'une " petite ", gentille femme, en colère qui ose assumer ses passions et ses contradictions plutôt que de se trahir dans des systèmes de convenances.

 

LES PERSONNAGES PRINCIPAUX :


MARNIE DECHA : Belle soixantaine. Taille moyenne, gracieuse. Comédienne de formation. D'origine espagnole. Son état : féroce et gai. Son objectif : crier sa sagesse d'enfant. Au début de la pièce : elle est haineuse, revancharde. Se présente comme une directrice de casting qui disjoncterait à la Cérémonie des Awards. A la fin de la pièce, elle a fait la paix avec elle-même. Elle s'assume. C'est une femme qui assume sa parole libre et ses actes sans consessions. Elle a quitté l'hystérie enfantine avec ses rêves de gloire et de mariage. Elle accepte d'être heureuse malgré le peu de biens qu'il lui reste.

 

 MARNIE 30 : Double de Marnie à 30 ans. Vive, spontanée. Au début de la pièce : elle est très déterminée, pleine de conviction. A la fin de la pièce : elle est plus vulnérable, a muri mais le meilleur reste à venir.

 

Les Caractères :

LE VIEUX BEAU : La cinquantaine. Il s'appelle Didier. Chroniqueur TV grand public. Au début, Marnie lui trouve un certain charme à la fois rassurant et joyeux. Il réside à Neuilly. Dégarni. Mondain et épicurien (très épicurien). A cherché à attraper Marnie en vain. Elle l'aura tout au moins distrait. Cache le fait d'être père.

DENIS : clone du vieux beau avec 20 ans de moins. La lourdeur en plus. Passera à côté de Marnie.

LE SERVEUR : travaille dans un restaurant branché de la Capitale. Il est dans une logique du must : the must have, the must to go or the place to be.

LES PAP (Prostituées A People) : La trentaine. Anges de la soumission aux tables VIP. Leur credo : "Tout est bon dans le cochon" !

 

LE MAITRE : 40 ans. Organise des soirées libertines dans son loft en secret des voisins. Pour lui, être rock, rebelle, c'est porter un chapeau de cow-boy et des ray-ban. Sa profession reste un mystère.

 

PAUL : 30 ans. Formation de danseur. Cousin homosexuel de Marnie. Très chic. Soutient Marnie comme il peut.


CORALIE : Trentenaire. Parasite de la mode, du cinéma, bref des médias. Massive et déguisée en dame de la ville. C'est l'anti-Marnie. S'exprime en " langage urbain " pour faire " tendance ". Paroxysme de la vulgarité.

LA CHEF-HOTESSE : Travaille dans l'événementiel. Age indéfinissable. S'agite et ... s'agite. Sait qu'elle peut compter sur Marnie.


CORINNE : 30 ans. Sexy et prête à tout. De PAP en passant par dominatrice, elle " veut faire people ". Donnerait envie de se pendre à Marnie.

 

Figuration :

SELMA et SYBILLE : 2 chats en peluche de Marnie. Mais, pour elle, ils sont vivants.

LA STATUE DE DAVID DE MICHEL-ANGE (COPIE) : l' homme idéal de Marnie.

L'OURS de fête foraine, collier en strass : père de Marnie d'un point de vue affectif

 

 

CLARENCE : 50 ans. "Pilier de bar"acteur et marié. Veut entrainer Marnie dans son club.

GILDO : Quarantaine très entretenue. Strip-teaseur. Italien. Aussi repoussant quand il parle qu'il est joli. Marnie s'en rendra compte dès le premier rendez-vous.

DAVID : 50 ans. Journaliste presse écrite. 2 enfants. Juif. Virulent et intelligent. Marnie est tombée amoureuse de lui mais il l'a repoussée.

CRITIQUES THEATRALES FILMIQUES

Critique de Wadjda, premier long métrage de Haiffa Al-Mansour

Wadjda est un conte de femmes, moderne avec une héroïne infiniment plus vaillante qu’une princesse, voire même un chevalier.
Elle veut un vélo et ce n'est pas par caprice mais par combat pour les droits des femmes quand le sexe de naissance ne détermine en rien les devoirs exclusifs.

Figure du mythe de Lilith, au creux de l'arbre divin ; Wadjda a un désir aérien.
Et dans l'arbre généalogique réservé aux hommes ; Wadjda ne verra pas la feuille qui portera son nom.
Alors elle aura son vélo pour être à hauteur égale et à bonne distance de ses camarades masculins. Elle ne regardera pas sa vie dans les pas d’un homme ou d’un père aliéné dans un système matriarcal quand les fils créent les lignées.

Wadjda a trouvé l’outil de sa propre croyance pour sa liberté.
Sur sa route, il n’y a pas d’un côté, les hommes méchants et de l’autre, les femmes gentilles. Des femmes interviennent en censeurs, se corrompant elles-mêmes derrière le masque des gardiennes à la moralité hypocrite. Des mères totalitaires poussent leurs fils vers la lâcheté. Et des filles affranchissent d’autres mères répudiées par la force de leur engagement.

Servi par des interprètes d'une justesse remarquable, suivis avec bienveillance par une caméra aussi discrète qu' élégante ; le spectateur a hâte de découvrir un second long métrage de « Al-Mansour » avec autant de portée universelle et de poésie.
Il est précieux de voir le courage triompher !

C. Romero

L’Eloge de la Folie d’Erasme
Théâtre de la Passerelle – Limoges, le 30/12/2012
Avec Jean-Pierre Descheix
Mise en scène et scénographie : Michel Bruzat
Adaptation : Jean-Marc Chotteau
Lumières : Franck Roncière
Costumes : Dolores Alvez Bruzat

Un spectacle bienveillant

Qui ravive les désirs fondamentaux…

Je connaissais le travail du metteur en scène Michel Bruzat depuis l’époque où j’étais élève au CDNR.
La mémoire ravivait un homme de théâtre de convictions, d’ouverture, écrit dans la création contemporaine (certains diront « un vrai »).


A distance, je gardais un œil sur ses programmations ; comme un repère au milieu de mes voyages.
Passagère des trains de la raison qui éloignent le temps de la magie ; je n’ai pourtant pas résisté à l’appel de L’Eloge de la Folie d’Erasme mise en scène au Théâtre de la Passerelle.


Entrée dans l’écrin du théâtre : pas de numéros sur les fauteuils mais les noms des spectateurs.
Nous entourons un tapis rouge arrêté par trois fauteuils et un piédestal.
L’acteur fait son entrée. Esprit baroque. Un courtisan ?


Puis il commence à vivre le texte d’Erasme, à jouer, se jouer de la plume aiguisée de l’auteur.
Les codes d’interprétation poussiéreux sont déblayés au profit du corps mobilisé. Celui qui ne peut trahir qu’une pensée véritablement en action.


L’acteur, Jean-Pierre Descheix n’est heureusement pas tombé dans le piège de l’histrion baigné dans une culture de l’effet théâtral.


C’est avec justesse, qu’il nous raconte l’histoire de la Folie douce, Dame Stultitia. Des phrases détonnent et résonnent. L’auteur est bien livré ; celui qui défend l’enfant illégitime et les amours furtives. Les codes sociaux sont épinglés au profit des codes naturels, provocants, ridicules mais humains.  A l’heure du repli sur soi, de l’avoir ; ce spectacle est une célébration de la pensée et des sens. Fluide. La société du spectacle affichée simplement dans la scénographie fait corps avec les lumières. Lesquelles accompagnent les exquis excès du comédien des vérités qui sont, finalement, toutes bonnes à dire.


Décomplexés, nous quittons le théâtre assumant les convictions de doux insoumis.

C. Romero

CHTO, au théâtre de la Cité Internationale-Paris, le samedi 14 novembre 2009
Texte de : Sonia CHIAMBRETTO
Mise en scène : Hubert COLAS


« Le monologue du légionnaire »

   Je connaissais Hubert COLAS comme l’un des « auteurs-metteurs en scène montant » de la dramaturgie contemporaine, depuis une quinzaine d’années, notamment avec sa pièce « Temporairement épuisé ».

   J’ai retrouvé le travail du metteur en scène au travers de deux tableaux extraits de son tryptique intitulé " Chto ".

L’auteur du spectacle a recueilli les témoignages d’un légionnaire puis d’une bonne sœur.

   Je recommande surtout d’aller voir « Le monologue du légionnaire ». Scénographie minimaliste mais efficace. Rouge…Usage des autres médias sur scène à bon escient dans un parti pris justifié.
L’acteur : hommage discret à « La sur-marionnette » de Craig. L’acteur-athlète pour le personnage du légionnaire. Un phrasé marqué, sonore, drôle, précis dans la parodie.
Et puis, le texte de Sonia CHIAMBRETTO : bien écrit parce qu’intime derrière la forme impersonnelle et militaire. Nous avons même assisté à un morceau de la partition risqué mais finalement très concluant parce que chargé, nourri au plus près de l’émotion de l’acteur.
L’exercice est vraiment réussi par l’authenticité et l’originalité du propos à l’image de la mise en scène et de l’interprétation. De la finesse à tous les niveaux derrière l’image de brute épaisse ! L’émotion qui coule derrière le martelage des mots et laisse une empreinte sur le spectateur !

Entracte-
2ème monologue « Sœur Catherine »
  

Toujours une scénographie fine et appropriée. Chaleur des lumières comme un tableau en clair-obscur.
Sur scène : un physique féminin, une voix, une déclamation, des expressions faciales. Au final : le sentiment d’assister à l’autosatisfaction d’une actrice et de son organe vocal, d’une soi-disant singularité au détriment d’un personnage qui aurait dû être attachant finalement écrasé par le côté histrion de l’actrice.

Ces deux monologues font partie du même spectacle et présentent l’avantage de montrer deux pendants du théâtre contemporain quand on s’inspire de faits réels et que le metteur en scène travaille sur la nature de l’acteur-individu.
Le moment magique quand l’acteur est bon, vrai, humain dans sa perméabilité. L’irritation quand le comédien est dans la posture, solide comme un roc ne laissant que des miettes de représentation au spectateur.


C. Romero

Une comédie romantique – Théâtre Montparnasse, Paris le 5 mars 2010
Acteurs : Stéphane FREISS, Elodie NAVARRE, Françoise LEPINE, Stéphane DE GROODT
Auteur : Gérald SIBLEYRAS
Mise en scène : Christophe LIDON
Décor : Catherine BLUWAL


« Une comédie romantique ET dense »

 

         Quelle joie de retrouver la rue de la gaieté qui porte bien son nom ! La pièce commence et nous sommes surpris (mais si, ne jouons pas les blasés) par le dispositif scénographique de projections vidéo. Ce n’est pas si fréquent de trouver une mise en scène « moderne » et cohérente dans les registres théâtraux basés sur les têtes d’affiche.

         A ce propos, Stéphane FREISS (récemment prodigieux dans son interprétation d’Albert CAMUS) excelle pas sa justesse. Il est aussi intéressant de voir les prestations de Stéphane DE GROODT et Françoise LEPINE qui lui donnent parfaitement la réplique.

         Restent le texte et la mise en scène à la hauteur de ces interprètes. Gérald SIBLEYRAS a su écrire une pièce « grand public » avec du rythme et de la finesse. Egalement, la mise en scène à la fois belle et soignée s’harmonise avec le texte. Une comédie romantique porte bien son appellation puisque le spectateur assiste à un bon divertissement où se mêlent rêve et air du temps.

 

C. Romero

La Pierre au théâtre de la Colline à Paris
Le 27 janvier 2010
Auteur : Marius Von Mayenburg
Metteur en scène: Bernard Sobel
Comédiens: Anna Alvaro, Claire Aveline, Priscilla Bescond, Anne-Lise Heimburger, Edith Scob, Gaëtan Vassart


" Une pièce historique " ? 

   Je connaissais Bernard Sobel comme le directeur du théâtre de Gennevilliers avec une programmation faisant place à l'originalité de la création contemporaine.
J'allais voir son travail de metteur en scène avec " La Pierre " au Théâtre de la Colline (où je ne suis jamais ressortie déçue).
Je savais que le sujet de la pièce portait sur la réunification de l'Allemagne vue par trois générations de la même famille.
On entre : frappée par l'idée pertinente du rideau de visages (derrière le mur).

   Le spectacle commence et je repère les signes de la dramaturgie contemporaine : suspensions où s'éclairent les années du récit (remarquable).
Le reste de la scénographie est sobre, s'accorde avec les lumières : propre et justifié.
Je remarque particulièrement le beau travail de Mina Ly pour les costumes.
Quant à l'interprétation, je retrouve les acteurs dans la citation en hommage à la distanciation brechtienne. J'ai une prédilection pour l'incarnation vraissemblable du comédien mais je dois dire que dans leur registre, ils s'en sont bien sortis. Mention spéciale pour Anne Alvaro avec laquelle j'ai dépassé mon rejet de sa diction particulière.
Bref, la mise en scène était intelligente comme le texte. Encore faut-il y aller, ne pas s'attendre à ce que tout nous arrive en tant que spectateur.

   Enfin, je conseille cette pièce comme modèle du genre traitant de thèmes politiques. Ici, l'histoire de l'Allemagne entre 1935 et 1993 y est proposée charnellement par les trois femmes où le patriarche représente le mythe du pouvoir de sauver ou de dénoncer avec le spectre des juifs victimes de l'extermination laissant derrière eux des orphelins. Un texte qui marque les esprits. Et la pierre ? Derrière sa matérialité, chacun y voit ce qu'il veut. Plus loin que le manichéisme, cette cruelle échelle de valeurs humaines à un temps donné et qui donne l'opportunité de se comporter comme le héros ou le monstre.

Nota : en sortant un spectateur au verbe haut se plaignait d'avoir payé pour des acteurs jouant comme au temps de l'après-guerre et regrettait que le théâtre n'ait pas évolué. J'aurais voulu avoir l'audace de l'interrompre pour lui dire que le théâtre avait bien évolué par sa pluralité de registres et des codes qui vont avec...

C. Romero

Panique au ministère
Le 12 décembre 2009 au Théâtre de la Renaissance à Paris.

Auteurs : Jean Franco et Guillaume Mélanie.
Metteur en scène : Raymond Acquaviva
Avec Amanda Lear, Marie Perouty, Edouard Collin, Camille Hugues et Elie Axas.



" Amanda Lear, une vraie actrice "



        J’avais envie d’aller voir une bonne comédie. Avec " Panique au ministère ", pièce mise en scène au Théâtre de la Renaissance, j’étais en confiance mais : déception.
Une scénographie grossière. Entrée des acteurs, nous retrouvions Marie Perouty qui s’était bien illustrée sur " Canal + " en tant que comédienne. Déception : vraie sécheresse dans l’interprétation de l’actrice bénéficiant néanmoins d’un rôle attachant (voix trop poussée et artificielle compte tenu du registre).
Côté distribution toujours, Edouard Collin, bille en tête, torse en avant rendant hommage à tous les acteurs parodiant l’énergie de Belmondo dans " l’As des As ".
Pour finir, Camille Hugues en jeune première rebelle, très première et un Raymond Acquaviva efficace, sans plus.
Notons quand même qu’Elie Axas a mis du sien.
Dommage pour du théâtre de boulevard basé sur la performance des acteurs.

      Heureusement, devant tant de lourdeur, de clichés, Amanda Lear s’impose avec la réelle énergie nécessaire au registre, charisme et précision.
Enfin, une vraie actrice de tempérament !
Gageons qu’à l’avenir, des auteurs, metteurs en scène et producteurs sauront lui donner un emploi à la hauteur de son talent.

     Néanmoins, consternée, je regardais le public ravi devant un texte que je trouvais d’une grande pauvreté, une mise en scène bateau et une distribution clinquante hormi la grande Amanda.
A conseiller donc à ceux qui regardent avec les codes du temps jadis où l’acteur côtoie l’histrion avec des répliques bien en dessous de la ceinture. (Aucun rapport comme il a été dit avec la finesse de l’humour dans " Desperate Housewives ", cité dans la pièce).

Nota : ne pas dire que je n’aime pas ce registre, à deux pas du théâtre se joue " La cage aux folles " où Clavier et Bourdon savent rendre hommage au texte de Poiret.


C. Romero

La Cage aux folles au théâtre de La Porte Saint-Martin à Paris
Le 5 novembre 2009

Production : Jean-Claude CAMUS
Auteur : Jean POIRET
Metteur en scène : Didier CARON
Interprètes principaux : Christian CLAVIER et Didier BOURDON


" Pari gagné "

 Allaient-ils massacrer la pièce ? Comment faire pour être à la hauteur de POIRET / SERRAULT ? CLAVIER, allait-il faire du OKKKKAY ?! Et BOURDON ? Voilà les idées qui trottaient dans ma tête avant de prendre les places.

On y est : CAMUS a mis les moyens et les idées, dès l'entrée du spectateur. La tenue des ouvreurs est accessoirisée pour l'occasion. Il fleure un parfum de fête, de cabaret ! Beau travail de scénographie : en clin d'oeil et créativité. Entrée des acteurs pricipaux et prise de parole : ça coule, juste.

 S'en suit une prestation de Christian CLAVIER fabuleuse. Enfin, nous le retrouvons dans son grand art comme à l'époque de son interprétation de Katia dans " Le Père Noël est une ordure ". CLAVIER dans le rôle de Renato BALDI : du velours! Excellente surprise de la part de BOURDON qui a su s'approprier le rôle d'Albin et en proposer une version originale et pertinente ! Il ne vous reste qu'à savourer leur vraie performance comme un modèle du Boulevard.

 Seuls bémols : le reste de la distribution n'est pas à la hauteur des deux têtes d'affiches. Lesquelles sont talentueuses mais 11 comédiens avec un même niveau d'exigence professionnelle dans l'attente, ça aurait pu se trouver dans Paris. Et nul besoin était de toucher au texte pour une supposée modernisation. En tous cas, même les plus difficiles à dérider dont je fais partie vont rire franchement grâce à deux acteurs de grande qualité et un des textes cultes de la comédie !

C. Romero

POESIE

 Rêver la mer

 

 

Rêver la mer pour que les flots pansent nos plaies

Emerveillés par les sirènes de la gloire,

Les pêcheurs échoués attendent sur les quais ;

Le monstre des terres, détrousseur de mémoire.

 

Il conduira ses innocentes proies grégaires,

Sur l'île d'asphalte, au Sire de la Monnaie.

Captif, au creux de la bête ferroviaire,

Un marin mal réveillé a franchi les haies.

 

Il a arraché l'enclume de son bonnet.

Soudain, une vague de lumière l'attrape,

Des mouettes lui retirent tous ses apprêts,

Et des galets verts ou bruns déferlent par nappes.

 

Puis, le corps chaud et redoré, il se souvient

D’un bassin de plaisirs, aux doux replis côtiers.

Et les petites maisons chantent son lien

Aux couleurs d’Honfleur, qui l'ont fait fier héritier.

 

C'est dans sa chair, qu'il porte le sceau de la mer.

Là-bas, une mère attend son fils égaré,

L’âme en éclats, d'être un loyal soldat du fer.

Elle tremble pour l'enfant qui semble condamné.

 

Lui, qui se jetait à pleine vie dans la houle,

Laissant aux rivages les peines de ses malles 

Quand nos pieds jouent parmi l'écume qui coule,

Au milieu des mains de sable joliment sales.

 

Un jour, le fils aura fini ses tours de piste.

Il oubliera la trahison de ses amours,

Lorsqu’il s'en ira guérir, loin des villes tristes,

Pour se sauver enfin de l'usure des jours.


C. Romero

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